L’origine du mot épice viendrait du latin species signifiant littéralement espèce. Dans les versions parlées du latin du IIIème et VIème siècle il dériva pour définir une substance, une denrée, une épice. On peut noter que le mot originel « species » est bien un nom féminin.
On note, et on la définit comme telle, la première apparition écrite du mot épice dans la Chanson du Pèlerinage de Charlemagne à Jérusalemn. (milieu XIIème siècle)
Strophe XII, vers 211 :
Quatre mais fud li reis en Jersalem la vile;
II et li duze per, la chere cumpanie,
Demeinent grant barnage, car l'emperere est riche.
Comencent un muster k'est de sainte Marie:
Li hume de la terre la claiment la Latine,
Car li language i venet de trestute la vile;
II i vendent lur pailes, lur teiles et lur siries,
Coste, canele, peivre, altres bones espices
E maintes bones herbes que jo ne vus sai dire.
Deus est uncore el cel quin volt faire justise!
Charlemagne évoque les marchands qui vendent du gingembre (Coste), Cannelle (Canele), Poivres (Peivre) et autres bonnes épices (altres bones espices)
Au moyen âge le mot épice vint en englober toute sorte de préparation souvent des douceurs (confitures, dragées) dans lesquelles parfois se trouvaient des épices. On avait même une personne responsable en charge de ces douceurs que l’on nommait l’épicier du roi. Dans le Roman de la Rose, œuvre poétique médievale on en trouve trace : « Et mainte espice delitable Que bon mangier fait apres table »
On notera à nouveau que le mot épice est également féminin à cette époque. Dans les différents textes de la renaissance le mot épice, qui a la même définition contemporaine, est également utilisé au féminin.
Malgré des tentatives de recherches approfondies nous aurions pu trouver peut être dans le passé une explication plausible à l’usage du masculin à la place du féminin pour déterminer l’épice. Mais non, aucune trace.
Bien qu’aujourd’hui on note parfois l’usage du mot épice au masculin, l’épice est bien un nom féminin : Une épice !
Max Daumin